Atelier de restitution des résultats des travaux sur le dividende démographique en Afrique

Yaoundé, Cameroun, 9-13 janvier 2017 


Organisé par le Réseau de l’UIESP pour le renforcement de la formation démographique en Afrique francophone

 

Comité de pilotage du réseau : 

• Président : Parfait Eloundou Enyegue (Cornell University)

• Membres : Gervais Beninguisse (Institut de formation et de Recherche Démographiques - IFORD), Philippe Bocquier (Université Catholique de Louvain), Valérie Delaunay (Institut de Recherche pour le Développement - IRD), Jean François Kobiané (Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo), Richard Marcoux (Université de Laval).

 

L’atelier de restitution des résultats des travaux sur le dividende démographique en Afrique s’est déroulé du 9 au 13 janvier 2017 à l’hôtel Mirador à Yaoundé, Cameroun. Cet atelier s’inscrit dans le cadre des activités du Réseau pour le renforcement de la formation démographique en Afrique francophone (FraNet) de l’Union Internationale pour l’Etude Scientifique de la population (UIESP). L’atelier a été animé par l'Institut de formation et de Recherche Démographiques (IFORD) à travers sa cellule d’Appui à la Recherche et à l’Enseignement des Institutions Francophones d’Afrique (CARE-IFA) et le réseau FraNet. L'atelier-conférence a regroupé 73 chercheurs, décideurs, journalistes et autres partenaires venant d’une dizaine de pays : Cameroun, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, l’Algérie, République Centrafricaine, France, Luxembourg, Canada et Etats Unis. 

 

De gauche à droite : Gervais Beninguisse, Evina Akam, Jean François Kobiané et Parfait Eloundou Enyegue.

 

Cet atelier-conférence était un plaidoyer sur le Dividende démographique et ses implications pour l’émergence économique des pays africains. Il a été organisé à la suite d’une série d’ateliers de formation sur l’analyse du dividende démographique en Afrique, qui ont examiné tour à tour les thématiques sur la scolarisation (Ouagadougou novembre 2013 ; Yaoundé, mars-avril 2014) et sur la croissance économique (Ouagadougou septembre 2014 ; Yaoundé, janvier 2015 ; Johannesburg novembre et décembre 2015). Il avait pour objectif principal de vulgariser le concept de dividende démographique auprès des décideurs politiques et des journalistes de manière à faciliter son appropriation nationale.

 

Contexte

Le continent africain abordera au courant de cette décennie un tournant décisif dans sa trajectoire de développement socioéconomique. Le caractère décisif de ce tournant tient à trois faits majeurs. Le premier et le mieux connu est la montée des aspirations au développement, que celles-ci soient exprimées à travers les plans nationaux d’émergence, l’Agenda 2063 pour l’Afrique, ou encore l'Agenda 2030 pour le développement durable. Qu’ils soient régionaux ou nationaux, ces projets sont remarquablement ambitieux aussi bien dans le large éventail des objectifs visés que dans la hauteur des cibles à atteindre. 

 

Un second fait majeur, moins bien connu, est la montée des inégalités en Afrique, aussi bien entre pays qu’à l’intérieur des pays. A l’heure où les inégalités entre les pays du monde tendent à se niveler, les divergences entre pays africains s’accentuent. Bien plus, à l’intérieur même des pays africains, l’inégalité semble être à la hausse. Selon les estimations de la Banque Mondiale pour les dix dernières années, cinq pays africains figurent au palmarès des 10 pays ayant les niveaux d’inégalité les plus élevés au monde. Ces inégalités internes pourraient gagner du terrain à la faveur d’une mondialisation sélective, d’une rupture des solidarités traditionnelles, d’une compétition accrue pour l’emploi, et d’un recul du secteur public. 

 

Le troisième facteur clé qui fait l’objet de cette conférence, est celui de la population et des évolutions démographiques. L’Afrique est entrée dans sa phase de transition démographique, avec une diminution de la fécondité moyenne de 5,7 à 4,7 enfants par femme entre les années 1990 et 2015. Même si la population africaine continuera de croître pendant cette période (doublant en fait son effectif entre 2015 et 2050), cette baisse de fécondité induira des changements importants au niveau de la composition par âge des populations. En particulier, le taux de dépendance, le nombre moyen de dépendants (enfants et personnes âgées) que chaque adulte doit prendre en charge, baisserait de 1,2 à 0,9 dépendants. Cette baisse sera passagère. Avec l’amélioration de l’espérance de vie et le vieillissement des populations, le taux de dépendance (pour l’Afrique en général) remontera finalement, avec une accélération des dépenses liées à la prise en charge des personnes du troisième âge. Le quart de siècle prochain offre donc une fenêtre d’opportunité majeure et la possibilité d’un dividende démographique dont l’Afrique pourrait tirer parti pour accélérer son développement économique. Toutefois, ce dividende démographique n’est pas automatique. Il ne s’obtiendra que si les décideurs mettent en place des politiques d’accompagnement dans plusieurs secteurs. De nombreux experts s’accordent à reconnaitre que la gestion de cette opportunité démographique conditionnera en grande partie le succès des pays africains à contenir les inégalités et promouvoir le développement durable au cours du prochain quart de siècle. 

 

Cérémonie d'ouverture.

 

Objectifs

Dans ce contexte, l’objectif de cette conférence/atelier était de discuter de l’ampleur potentielle et des conditions de capture du dividende démographique en Afrique. La conférence a porté sur :

  • la recherche actuelle sur l’ampleur du dividende africaine et ses retombées potentielles dans plusieurs secteurs, notamment la croissance économique, l’éducation, la santé, et les inégalités.
  • la nature des politiques à mettre en œuvre, y compris l’adéquation des politiques aux conditions spécifiques de divers pays, ainsi que les consultations nécessaires entre divers partenaires du développement notamment des décideurs, des chercheurs, des ONG, des partenaires privés, et du grand public.
  • les perspectives du dividende dans plusieurs pays et régions d’Afrique.

 

Parfait Eloundou Enyegue expliquant la notion de dividende démographique.


Déroulement

Les activités se sont déroulées en deux phases : travaux en plénière et travaux en atelier. Pour les travaux en plénière, plusieurs présentations ont été faites et se sont articulées autour des thématiques suivantes :

  • L’Afrique peut-elle émerger ? Perceptions du public et débat introductif.
  • Emergence africaine : tendances récentes et aspirations.
  • Emergence africaine : théories scientifiques.
  • Emergence africaine : place du dividende.
  • Mesure du dividende : Revue des diverses approches : DemDiv, méthodes de décomposition et méthode des NTA (National Transfer Accounts).
  • Initiatives actuelles autour du dividende.

 

Durant les échanges entre les participants et les présentateurs beaucoup de questionnements ont porté sur le concept d’émergence des pays africains et son lien avec le concept de dividende démographique. 

 

Travaux en séance plénière.

 

Durant les ateliers, les chercheurs du réseau FraNet ont travaillé à la finalisation des analyses des résultats pour les deux ouvrages sur le dividende démographique liés à l’éducation et à la croissance économique. Ils ont également planché sur la compréhension profonde de la notion de dividende démographique en élaborant une série de questionnements sur le dividende démographique intitulé « 50 questions sur le dividende démographique ». 

 

Travaux en atelier.

 

En marge de l’atelier, le mardi 11 janvier dans l’après-midi, un diner de travail a été organisé entre le réseau des journalistes en santé et développement et les chercheurs du réseau FraNet. L’objectif de cette rencontre était de consolider le partenariat entre les journalistes et les chercheurs, d’échanger mutuellement des expériences et de favoriser un cadre où la synergie entre professionnels des médias et chercheurs puisse concourir à la vulgarisation des questions de population, notamment celles liées au dividende démographique. 

 

Rencontre entre journalistes et chercheurs.

 

Voir également 

 Le rapport de l'atelier.

 La page web du réseau FraNet.


Financements : Le Réseau de l’UIESP pour le renforcement de la formation démographique en Afrique francophone bénéficie du soutien de la Fondation William et Flora Hewlett.