Ahmed Bahri
Ahmed Bahri est décédé à Montpellier, le 12 octobre 2015, à l’âge de 77 ans. Il repose au cimetière d’El Alia à Alger.
Ahmed est né à Constantine le 15 juillet 1938. D’excellentes études secondaires débouchent sur l’obtention en 1958 d’une bourse de voyage de la fondation Zellidja. Mais au même moment une autre mission l’appelle : il s’engage dans l’Armée de libération nationale (ALN). Au lendemain de l’Indépendance de l’Algérie, il reprend ses études et obtient le diplôme de statisticien-économiste en 1965 (CESD, Paris) puis un DES de sociologie-démographie à l’Université d’Alger. Il entame alors une brillante carrière de chercheur engagé conciliant avec doigté la mise en évidence de faits sociaux et l’action visant à améliorer le fonctionnement de la société, que ce soit dans son propre pays ou au niveau des institutions internationales.
Il joue tout d’abord un rôle-clé au cœur de la Direction des statistiques (1965-1973) qui deviendra bientôt l’Office national de la statistique. Il assume ensuite les fonctions de Directeur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Ministère du même nom (1973-1975), puis celles de Directeur des ressources humaines au Ministère du plan (1975-1977). Sa grande réputation l’appelle assez vite à des fonctions internationales. En 1977, il prend la tête de la Direction de la population à la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique) à Addis Abeba. Il y restera 20 ans durant, jusqu’en 1998, après quoi il sera encore régulièrement appelé pour des consultations. Toutes ces fonctions ne l’ont jamais détourné de son intérêt pour la recherche ni empêché de publier articles et ouvrages scientifiques ou de participer avec brio à de nombreux colloques nationaux et internationaux. Il était, entre autres, membre de l’Association maghrébine pour l’étude de la population (AMEP), de l’Union pour l’étude de la population africaine (UEPA), de l’Association internationale des démographes de langue française (AIDELF), de la Population Association of America (PAA) ainsi que de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP) et de l’Institut international de la statistique.
Outre ses amours affichés pour les mathématiques et la natation, Ahmed Bahri avait un don pour les langues. Trilingue dès le plus jeune âge (chaouia, arabe, français) il avait une facilité surprenante à en apprendre d’autres. Qui ne l’a jamais entendu faire un petit discours dans une langue qu’il n’avait encore jamais parlé pour faire honneur au pays accueillant une manifestation scientifique à laquelle il participait ? Bref, au-delà de ses immenses qualités professionnelles, Ahmed Bahri était un homme extraordinairement intelligent, pétillant d'idées et de vie, sachant toujours trouver le bon côté des choses, plein d'humour et de générosité. Si son départ est évidemment pour ses proches un immense déchirement, il est aussi pour ses collègues de toutes disciplines une perte irréparable.
Amis et collègues parmi tant d’autres nous présentons nos plus sincères condoléances à son épouse Fatima et ses deux filles Ibtissam et Tarub.
François Pradel de Lamaze et Jacques Vallin