De véritables cheffes ? Propres perceptions de l’effectivité de leur pouvoir sur les questions familiales par les femmes chefs d’un ménage à Ouagadougou

Les facteurs qui rendent tangible le pouvoir domestique des femmes à la tête d’un ménage demeurent sujets à des controverses. Pourtant, si la variable « femme chef de ménage » est un indicateur privilégié des rapports de genre dans les travaux démographiques, son adaptabilité aux environnements sociaux dans lesquels les études sont menées reste peu questionnée. Basée sur 21 entretiens semi-directifs, cette étude se focalise sur la notion de pouvoir implicite que renferme le concept de chef de ménage. Elle met en perspective les critères généralement retenus dans la littérature ou les enquêtes sociodémographiques pour définir et appréhender les femmes chefs de ménage avec la perception et les représentations propres qu’en ont les concernées. Il ressort du discours des femmes que si elles se reconnaissent comme les chefs de leur ménage, elles n’associent pas spontanément leur statut à la détention d’un pouvoir. Il apparaît que l’effectivité de leur pouvoir sur la gestion du ménage ne dépend pas nécessairement d’un accès ou d’une contribution aux ressources, ni de l’instruction scolaire. L’autorité domestique de ces femmes est d’abord celle qui leur est concédée par les hommes, et elle reste circonscrite dans les attitudes et les comportements de genre prescrits par la société.