Dominique Waltisperger nous a quitté

 

« Une nouvelle affligeante pour tous ceux qui [l’ont connu …], Dominique vient de nous quitter suite à une très longue maladie, contre laquelle il s'est battu avec une rare force de caractère. A son image même : un battant et un optimiste à tout crin. Il gardait même encore un peu son humour d’antan ».  Je reprends là les mots de Dominique Tabutin annonçant la nouvelle à ses collègues de Louvain-la-Neuve car ils résument bien la personnalité de cet homme hors du commun que nous avons souvent admiré pour ce mélange de discrétion et de ténacité coloré d’un humour parfois décapant mais jamais malveillant et qui sonnait toujours juste.

 

Sociologue et démographe (IDUP) mais surtout méthodologue et africaniste, Dominique a beaucoup œuvré pour l’amélioration de nos connaissances en matière de population et a fait bénéficier de ses talents de nombreux organismes nationaux et internationaux : ORSTOM (aujourd’hui IRD), INSEE, INED, CEPED, Université de Paris VI, Ministère du travail, DARES, Département de démographie de l’Université de Louvain mais aussi l’ONS en Algérie, l’OCDE, l’UNICEF, la Banque Mondiale, l’UIESP… la liste est trop longue pour être ici exhaustive.

 

Ses premières publications datent des années 1970. Elles portent essentiellement sur l’Afrique, qu’il s’agisse de la collecte de données ou de leur analyse, notamment en matière de mortalité, mais il gardait néanmoins un œil attentif aux évolutions hexagonales avec notamment un intérêt pour les projections de population âgée et, plus tard, sur les conditions de vie au travail.

 

Il a soutenu sa thèse en 1980 sur l’un de ses sujets de prédilection, qui le préoccupera tout au long de sa carrière : l’analyse des données imparfaites pour l’estimation de la mortalité. Avec Julien Condé et Michèle Fleury-Brousse, il s’est alors lancé, pour l’OCDE, dans ce monumental ouvrage de rassemblement et d’analyse de données sur la mortalité dans les pays en développement qui devait aboutir à l’élaboration d’une nouvelle génération de « tables types » de mortalité tenant mieux compte des spécificités de la survie en milieu tropical.

 

Sa seconde grande passion a été de tout faire pour tirer le meilleur parti des données malgaches sur la mortalité et les causes de décès générées par un système d’état civil quasiment exhaustif dans les grandes villes, couplé à des relevés de causes de décès d’assez bonne qualité, une initiative inspirée et vivement appuyée par Pierre Cantrelle et dans laquelle il s’est lancé à corps perdu. C’est principalement à ce propos qu’il a dans un premier temps collaboré avec le CEPED, puis, plus étroitement encore, avec l’INED en tant que chercheur associé à l’Unité de recherche Population et développement, puis à MSE et enfin au Pôle Suds. Cela l’a conduit à publier, entre autres, un article sur « crise économique et mortalité » dans Population avec France Meslé puis un autre sur « transition épidémiologique à Antananarivo » dans Global Health Action avec Bruno Masquelier et Gilles Pison.

 

En parallèle à ses travaux de recherche, Dominique Waltisperger a aussi beaucoup donné en matière de formation, que ce soit dans des universités françaises (Paris I, V et VI notamment), à l’occasion des enseignements d’été de Louvain-la-Neuve ou de séminaires de formation de l’UIESP (notamment celui de Bamako mais aussi ceux de Bordeaux et de Yaoundé), ainsi qu’à travers ses publications comme le fameux Manuel de Yaoundé sur les méthodes d’estimations indirectes.

 

Dominique nous a quitté le 29 septembre.

 

C’était un collègue, un ami très agréable. Sa disparition laisse un grand vide.

J’imagine le chagrin de ses proches. Je le partage.

Jacques Vallin

Si vous souhaitez prendre contact voici l’adresse e-mail de son épouse Chantal Waltisperger, ch.waltis@gmail.com