Comment mesurer l’appartenance religieuse et son influence sur les comportements démographiques ? Une évaluation à partir de données longitudinales en milieu rural malien.

L’influence de la religion sur les comportements individuels est généralement évaluée en fonction de la déclaration recueillie au moment de l’enquête ou du recensement. On considère ainsi implicitement que l’appartenance religieuse est unique, définitive et sans ambiguïté. Cette perspective s’avère cependant discutable dans des populations où différentes religions coexistent sans exclusive, comme souvent en Afrique subsaharienne. Quand il est fréquent qu’un individu change de religion au cours de sa vie, quand le syncrétisme est courant, peut-on alors espérer capturer de manière satisfaisante l’influence de la religion sur les comportements individuels à partir d’une variable du moment ? L’effet souvent mineur attribué à la variable « religion » pourrait-il résulter des limites de cet enregistrement ? Pour traiter ces questions, nous utilisons les données longitudinales d’un suivi longitudinal au Mali, ayant donné lieu à l’enregistrement détaillé des itinéraires religieux. Nous évaluons la pertinence de la variable classique sur la religion à l’enquête d’une part au regard de différents indicateurs d’adhésion et de mobilité religieuse, et d’autre part en comparant les différentiels de comportements en matière de prise en charge des enfants et de comportements matrimoniaux, selon le critère d’appartenance religieuse adopté.