Nous avons appris la disparition le 4 octobre dernier de Léon Tabah à Boulogne-Billancourt à 97 ans. Il est devenu membre de l'UIESP en 1949 et a occupé plusieurs postes. Il a présidé le Comité de l'UESP sur l'économie et la démographie entre 1969 et 1974, éditant le volume 1975 de l'UIESP 2 sur la croissance et le développement économique dans le tiers monde aux éditions Ordina. Il a également été membre du Comité sur l'interaction entre les variables démographiques et la répartition des revenus (1979-1984), et il a été membre du Conseil de l'UIESP de 1985 à 1989.


Léon Tabah et Frédéric son frère jumeau sont nés le 16 mai 1923 à Istamboul. La famille émigre vers la France en 1926. Ils vivent en banlieue parisienne. Léon Tabah obtient son baccalauréat au lycée du Parc à Lyon puis il entame des études à la Faculté des sciences de Lyon puis à la Faculté de droit de Paris mais, sous l'Occupation, il doit fuir Paris. En 1941, il entre avec son frère dans le MLN (Mouvement de libération nationale) et participe à la Résistance dans le renseignement. En 1944, il participe à la libération de Lyon. 


Il reprend ses études après l'Occupation et obtient un doctorat ès sciences économiques et sociales. 

 

En 1946, Alfred Sauvy le recrute à l’INED qu’il vient de créer en 1945. Léon Tabah l’assiste à la rédaction de Population dont le premier numéro parait en janvier 1946. Léon Tabah écrit son premier article, avec Armand Perdon, dans le numéro 1 de 1947. Mais il s’est davantage fait remarquer par son article de 1951 avec Jean Sutter sur les mariages consanguins. Un sujet que pourtant il abandonne vite. En fait la trentaine d’articles qu’il publie dans Population jusqu’en 1972 abordent des sujets assez éclectiques mais avec un intérêt dominant pour les rapports entre population et développement dans le Tiers-Monde. 

 

En 1957, il est recruté par les Nations unies pour enseigner au Centre latino-américain de démographie (CELADE), à Santiago du Chili, où il participe à la formation de toute une génération de jeunes chercheurs, futurs démographes des différents pays d’Amérique latine.

 

En 1963 il revient à l’INED et y dirige un groupe de recherche sur la démographie du Tiers-Monde. Parallèlement il enseigne à l’école pratique des hautes études (EPHE), ainsi qu’à l’Institut des hautes études d’Amérique latine et à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po).

 

En 1972, de retour aux Nations unies, il devient directeur de la Division de la population à New York, fonction qu’il exercera jusqu’en 1984. Seul John Durand a tenu ce poste plus longtemps que lui (de quelques mois seulement). C’est dans ce cadre qu’il a notamment été secrétaire général adjoint de la Conférence mondiale sur la population de Bucarest en 1974 puis de la Conférence internationale sur la population de Mexico en 1984, année où il prend sa retraite.

 

De retour à Paris, Léon Tabah est chargé par le Gouvernement d’une mission de réflexion sur la relance de la coopération en matière de population dont les conclusions aboutiront à la création du CEPED (Centre d’étude sur la population et le développement).

 

De 1990 à 1993, il a été président du Comité international de coordination des recherches nationales en démographie (CICRED) en même temps qu’il siégeait au Haut-conseil de la population et de la famille (de 1990 à 1995).

 

Dans sa préface à un numéro spécial de Population consacré au Maghreb paru en 1971, Léon Tabah écrivait « Les études démographiques […] se doivent de contribuer à éclairer les choix politiques ». C’est sans doute le meilleur résumé que l’on puisse faire de sa propre carrière.  

 

Joueur d’échec hors pair et grand amateur de bridge, Léon Tabah était un homme apprécié et aimé de tous ceux qui l’ont côtoyé. 

 

Léon Tabah est médaillé de la Résistance, Chevalier de l’Ordre national du mérite, Officier de la Légion d’honneur.

 

d'après le texte de Magda Tomasini, Directrice de l'institut national d'études démographiques (INED)