Godelieve Masuy-Stroobant (1948-2017)


C’est avec une grande tristesse que nous vous informons du décès de notre collègue et amie Godelieve Masuy-Stroobant survenu ce 22 mai dans sa 69e année. Professeure émérite depuis 2013, Godelieve a été pendant 44 ans l’une des personnes-clé du Centre de recherche en démographie de l’Université catholique de Louvain (UCL), dont elle assura la direction de 2006 à 2009.

 

Très appréciée pour ses qualités pédagogiques, Godelieve était aussi une chercheuse de renom qui a largement contribué au développement de notre discipline. Ses principaux thèmes de recherche portaient sur l’histoire, du 19e siècle à nos jours, de la santé et de la mortalité des enfants et sur les procédures d’enregistrements des événements vitaux. Conseillère scientifique à l’Office National de l’Enfance depuis 1987, membre du Conseil supérieur de la Statistique pendant de nombreuses années, son engagement dans la société civile était également très important.


Par son dynamisme et son enthousiasme permanent, Godelieve a marqué le Centre de recherche en démographie de l’UCL, mais aussi des générations d’étudiants et de doctorants.

 

Elle laisse un grand vide.

 

Le Centre de recherche en démographie – Université catholique de Louvain.

 

Lisez les nombreux témoignages des collègues et anciens étudiants de Godelieve Masuy-Stroobant.  


Quel choc ! Godelieve nous a quittés. On aurait pourtant presque pu la croire immortelle, tant elle était vivante ! En tout cas on ne s’attendait vraiment pas à un départ si précoce… c’était tout simplement impensable.

 

Godelieve était une femme formidable, extraordinairement rayonnante, attachante, entraînante, subjuguante, émouvante, chaleureuse, humaine, intelligente… Tous ceux qui l’ont connue, aimée, admirée, ou simplement côtoyée, ne serait-ce même qu’une seule fois, éprouvent aujourd’hui un profond sentiment d’injustice. 

 

J’ai croisé Godelieve pour la première fois dans les années 1970 au cours d’une réunion d’échange à Paris entre chercheurs de l’INED et de l’UCL. Tout de suite elle m’a fasciné. Encore le mot est-il trop faible. Sa fraicheur, sa beauté, son magnétisme, sa parole claire et chargée de sens, son discours scientifique construit et convaincant, ancré dans les questions sociales et notamment celle des inégalités de santé et de mortalité. Je suis immédiatement tombé sous le charme. Et nos rencontres ultérieures ne m’ont jamais désenchanté. C’était toujours un grand plaisir de converser avec elle. Elle fourmillait d’idées et ne tarissait jamais de commentaires pertinents, parfois tristes parfois plus joyeux, sur les maux de notre siècle, les injustices de nos sociétés, qu’elles soient du nord ou du sud, les remèdes qu’on pourrait y apporter. Nous n’étions pas toujours d’accord mais elle avait toujours de bons arguments et, souvent, elle réussissait à me convaincre de réviser les miens. Son aptitude à parler était merveilleuse, parfois je me contentais de savourer de longs moments à l’écouter. 

 

C’est certainement grâce à cette faculté d’exprimer qu’elle a pu surmonter les graves épreuves que la vie lui a imposées. Je me souviendrai toujours de la lettre que j’ai reçue à la mort de David et de ses confidences sur de graves soucis que beaucoup auraient considéré trop intimes pour en parler.  Et son écoute des problèmes des autres était à la hauteur de ses propres confidences. 

 

Comme tous mes collègues j’ai bien sûr énormément apprécié les échanges scientifiques avec Godelieve. Mais ce qui m’a le plus marqué c’est son art de traiter des questions plus personnelles, toujours avec lucidité, sobrement mais vraiment. Loin de l’éloigner de son accomplissement personnel, son questionnement scientifique s’enrichissait constamment de son approche humaniste du monde, de sa générosité aux autres, des plus proches aux plus lointains. 

 

À tous, elle nous manque terriblement.

 

Jacques Vallin