Deuxième cohorte de boursiers de recherche en début de carrière de l'UIESP sur la PF en milieu urbain

 

Félicitations à la deuxième cohorte de douze boursiers récemment sélectionnés pour mener leurs recherches dans le domaine de la planification familiale, la fécondité et le développement en milieu urbain dans le cadre d'un projet de l'UIESP financé par la Fondation Bill et Melinda Gates. Ils ont été sélectionnés par le Comité scientifique de l'UIESP « Planification familiale, fécondité et développement en milieu urbain » (“Urban FP“) à la suite d'un atelier organisé à Entebbe (Ouganda) en novembre 2019. Vous trouverez ci-dessous une courte biographie de chaque boursier avec une description de leur projet.

 

Ces bourses s’inscrivent dans le cadre d'un projet d’une durée de 4 ans (2018-2022) visant à produire des données scientifiques probantes sur les effets des politiques de planification familiale et de diminution de la fécondité sur le bien-être en milieu urbain. La subvention a permis d’offrir des bourses à 16 chercheur.e.s en début de carrière en Afrique subsaharienne. Le projet comprend des activités de mentorat et de formation ainsi que des fonds pour la sensibilisation des décideurs politiques aux niveaux local, national et international. L'objectif ultime du projet est de sensibiliser les urbanistes et les décideurs politiques à l’importance de la contribution de la planification familiale à la mise en place de villes durables et d'inscrire la planification familiale à l'agenda des politiques urbaines, où elle a été jusqu’à présent largement absente. 

 

Rencontrez les chercheurs

 

Dr. Sunday Adedini, University of the Witwatersrand : « Planification familiale et développement en milieu urbain au Nigéria : exploration des lacunes dans les politiques et les programmes ».


Sunday Adedini est un démographe de la santé avec plus de 12 ans d'expérience dans l'enseignement et la recherche dans des universités au Nigeria et en Afrique du Sud. Il dirige actuellement une équipe de démographes à l'Unité de recherche sur les agents pathogènes respiratoires et méningés du South African Medical Research Council, University of the Witwatersrand, Johannesburg (Afrique du Sud). Les travaux de Sunday Adedini lui ont valu une reconnaissance certaine : une bourse postdoctorale de la Fondation Fogarty, la bourse de doctorat CARTA, la bourse BIARI, un prix du mérite postuniversitaire de l'Université de Witwatersrand, un prix pour ses résultats de recherche exceptionnels de la Faculté des sciences de la santé de l'Université de Witwatersrand. Ses intérêts de recherche portent sur la santé maternelle et infantile, la santé de la reproduction et la démographie de la famille. 

 

Etant donné qu’au Nigéria davantage de personnes vivent à présent dans les zones urbaines que dans les communautés rurales, le développement en milieu urbain nécessite une attention politique et programmatique urgente. En dépit du fait que la population soit considérée comme un facteur crucial pour la réalisation des objectifs de développement national - et des données probantes attestent qu’en répondant aux besoins de planification familiale et de santé reproductive des populations urbaines vulnérables pourrait permettre d’atteindre des taux de croissance démographique compatibles avec la mise en place de villes durables, habitables et prospères -la planification familiale reste un sujet négligé dans les objectifs de développement en milieu urbain au Nigeria. Actuellement, il existe peu d’informations systématiques pour savoir dans quelle mesure les politiques de planification familiale sont mis en place sur le terrain au Nigéria et les données probantes sur les obstacles à la formulation de politiques intégrées et à la mise en œuvre des programmes de planification familiale (PF) et de développement en milieu urbain (DU) au Nigéria demeurent faibles.

 

Dans ce contexte, l'étude de Sunday Adedini vise à répondre aux questions suivantes : (i) Dans quelle mesure le modèle de PF du Nigeria est-il intégré dans les initiatives de planification et de développement en milieu urbain ? (ii) Quels sont les obstacles à la formulation et à la mise en œuvre de politiques intégrées des programmes de PF et de DU au Nigéria? (iii) De quelle manière les urbanistes et les autres parties prenantes concernées peuvent-ils faire de la PF un sujet prioritaire dans les objectifs d'urbanisme et de développement ? Les premiers résultats de cette étude seront utiles aux décideurs politiques et à ceux chargés de la mise en place des programmes pour améliorer la PF dans les contextes urbains au Nigeria. Une étude très similaire d'un autre boursier, Ferdinand Okwaro, sur le Kenya devrait permettre une analyse comparative entre les deux pays. 

 

Dr. Nurudeen Alhassan, African Institute for Development Policy (AFIDEP) : « Mobiliser la planification familiale pour une urbanisation durable au Malawi ».

 

Nurudeen Alhassan est analyste des politiques et de la recherche à l'African Institute for Development Policy (AFIDEP). Il a obtenu un Doctorat en études de population de l'Université du Ghana en 2017. Ses intérêts de recherche portent sur les dynamiques de genre, la santé et les droits sexuels et reproductifs et le développement en milieu urbain. 

 

L'étude de Nurudeen Alhassan vise à démontrer qu’il existe une demande des femmes urbaines au Malawi pour une planification familiale avec des moyens de contraception modernes, à évaluer l'impact potentiel de l'augmentation de l'utilisation des contraceptifs sur le développement en milieu urbain et à étudier dans quelle mesure la planification familiale est une priorité intégrée dans les plans de développement, les politiques et le fonctionnement de deux conseils municipaux - Lilongwe et Mzuzu.

 

La prévalence de moyens de contraception modernes dans les zones urbaines du Malawi a considérablement augmenté au cours des 25 dernières années mais les disparités intra-urbaines en matière d'accès aux moyens de contraception modernes persistent. La demande non satisfaite de planification familiale avec des moyens de contraception modernes est plus forte pour les adolescentes et les femmes célibataires sexuellement actives. Les politiques urbaines nationales et les conseils municipaux ne donnent pas la priorité à la planification familiale. Les décideurs politiques urbains et les autorités municipales comprennent rarement les avantages de la planification familiale pour certains aspects cruciaux du contexte urbain tels que l'éducation, la santé et les transports. Ce manque de compréhension et le manque de priorisation de la planification familiale dans le développement en milieu urbain rendent difficile l'extension des services de planification familiale aux femmes urbaines les moins bien desservies et les plus marginalisées.

 

En utilisant les données de l'EDS 2015/16 du Malawi, cette étude cherchera à identifier les catégories de femmes urbaines sexuellement actives avec une forte demande non satisfaite de planification familiale par des moyens de contraception modernes. L'étude utilisera également la modélisation de scénarios pour simuler l'impact de la planification familiale sur les principaux résultats de développement, notamment l'éducation, la santé et le bien-être, et les villes durables. En outre, l'étude fera l’analyse des politiques urbaines et des plans de développement pour examiner dans quelle mesure ils intègrent la planification familiale. Des études de cas sur l'intégration de la planification familiale dans les plans et opérations de développement des villes et des municipalités seront menées dans les conseils municipaux de Lilongwe et de Mzuzu. Des entretiens avec des informateurs clés seront menés avec les décideurs politiques afin d'explorer leurs points de vue sur la planification familiale et la façon dont ils utilisent les données démographiques, et de rechercher des moyens d'intégrer la planification familiale dans les plans et politiques de développement urbain.

 

Les résultats de cette étude visent à obtenir l'adhésion et le soutien des décideurs politiques et des conseils municipaux pour prioriser et intégrer la planification familiale dans les plans de développement en milieu urbain et les opérations des conseils municipaux.

 

Dr. Adriana Biney, Regional Institute for Population Studies (RIPS) de l'Université du Ghana : « Exploration de l'utilisation, de la non-utilisation et de l'arrêt de la contraception moderne chez les jeunes en milieu urbain à Accra, Ghana ».


Adriana Biney est Maitresse de conférence au Regional Institute for Population Studies (RIPS) de l'Université du Ghana, où elle a obtenu son Doctorat en études de population en 2013. Ses intérêts de recherche portent sur les questions de santé et de bien-être des personnes défavorisées et marginalisées au Ghana. 

 

Sa recherche fera une exploration qualitative de l'utilisation et de la non-utilisation de contraceptifs parmi trois catégories de jeunes sexuellement actifs à Accra, au Ghana.

 

Il ne faut pas sous-estimer l’importance de préserver la santé et les droits sexuels et reproductifs des jeunes, en particulier lorsqu’elle cela peut contribuer au développement du pays et à bénéficier d’un dividende démographique. Cette étude portera en particulier sur l'arrêt et la non-utilisation de moyens de contraception modernes chez les jeunes sexuellement actifs (âgés de 18 à 24 ans) à Accra, au Ghana, en utilisant une approche qualitative. Des entretiens approfondis de type histoires de vie portant sur les relations et la contraception seront menés pour comprendre les expériences de contraception des jeunes et les obstacles personnels à l'utilisation de moyens de contraception, complétés par des discussions de groupe pour explorer la non-utilisation de la contraception chez les jeunes dans des différents contextes sociaux. Le groupe étudié comprendra des jeunes dans l'enseignement supérieur, en apprentissage et travaillant dans l'emploi informel. Cela permettra de comprendre les dynamiques de non-utilisation et d'arrêt de la contraception chez les jeunes de ces différents groupes socio-économiques, certains plus défavorisés que d'autres, mais tous considérés comme à haut risque de connaître des grossesses non désirées.

 

La région du Grand Accra, qui inclut la capitale du Ghana, est la région la plus urbanisée du Ghana, mais elle a actuellement la plus faible prévalence d'utilisation de méthodes de contraception modernes en dépit d’un taux de fécondité le plus bas de 2,8 naissances par femme. Accra est également caractérisée par des concentrations importantes de jeunes sous l’effet l'immigration interne, engendrant la formation de bidonvilles dans certaines parties de la ville. Des recherches approfondies tenant compte de ces dynamiques sont nécessaires car elles ont des implications majeures pour le développement du pays. Les résultats de cette étude contribueront à la littérature et aux politiques visant à comprendre et à fournir les moyens de lutter contre la faible prévalence contraceptive parmi les différents groupes de jeunes sexuellement actifs au Ghana.

 

Dr. Moussa Bougma, Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université Joseph Ki-Zerbo : « Stagnation de la fécondité à Ouagadougou : rôle de l’immigration du milieu rural et de la mobilité sociale ».

  

Moussa Bougma a obtenu son Doctorat en démographie de l'Université de Montréal (Canada) en 2015. Il est actuellement enseignant-chercheur en démographie à l'Université Joseph Ki-Zerbo. Il est chef de l'Unité de recherche « Population et éducation » à l'Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) et président de l'Association des Démographes du Burkina Faso (ABDem).

 

Le projet de recherche du Moussa Bougma porte sur le rôle de l’immigration du milieu rural et de la mobilité sociale peu ascendante des migrants sur la stagnation de la fécondité dans la capitale, Ouagadougou. Depuis quelques années, la baisse de la fécondité à Ouagadougou, à l’image des autres villes africaines, connaît un ralentissement voire une stagnation dont les facteurs demeurent inconnus et peu étudiés. Au même moment, la ville connaît une urbanisation galopante donnant lieu au développement de vastes zones d’habitat spontané. Ces zones se distinguent du reste de la capitale par une précarité des logements et un faible accès aux services sociaux de base, suggérant des différentiels socioéconomiques importants, y compris les comportements de fécondité. Dans un tel contexte, le ralentissement de la baisse de la fécondité ne proviendrait-elle pas de la faible contribution de certaines catégories sociales ? 

 

Cette interrogation est pertinente dans le contexte de Ouagadougou car si toutes les catégories socioéconomiques de la ville ne contribuent pas de manière équitable à la baisse de la fécondité, il sera alors difficile de s’attendre à ce que les bénéfices du dividende démographique soient à leur tour équitablement partagés entre elles. En utilisant quatre sources de données quantitatives complémentaires, toutes adossées à l’Observatoire de Population de Ouagadougou, et des données primaires qualitatives, l’objectif de cette recherche est de contribuer à une meilleure compréhension des raisons qui sous-tendent la stagnation de la fécondité à Ouagadougou afin de proposer des interventions appropriées pour impulser une plus grande équité dans la baisse de la fécondité. Les travaux d'un autre boursier de l'ISSP, Idrissa Ouili, portent également sur la ville de Ouagadougou ; ces efforts combinés devraient permettre de démultiplier l'impact politique de cette étude.

  

Dr. John Ganle, School of Public Health, Université du Ghana : Identifier et développer des interventions de planification familiale à faible coût et acceptables et des modèles de prestation de services pour les bidonvilles au Ghana.

 

John Ganle est Maitre de conférence dans le département « Population, Famille et Santé de la reproduction » de l'École de santé publique de l'Université du Ghana. Il a un Doctorale en santé publique de l'Université d'Oxford. Ses intérêts de recherche portent principalement sur la santé maternelle et infantile, l’avortement et la contraception, le genre et la santé, et l'intersection entre handicap, sexualité et santé de la reproduction.

 

Il est le récipiendaire de plusieurs bourses de recherche compétitives à l'échelon international ou local, y compris une bourse Radcliffe d'un an au Radcliffe Institute for Advanced Study de l'Université Harvard. Il a également été consultant pour plusieurs projets de santé maternelle et infantile au Ghana, notamment le programme de réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles (R3M) et Projet d’amélioration des soins de santé maternelle et infantile (Phase II) du Projet Hunger (Ghana). Il est également rédacteur universitaire pour la revue PLOS ONE et membre de la Global Young Academy.

 

Le projet de John Ganle vise à identifier et à développer des interventions de planification familiale et des modèles de prestation de services à faible coût et acceptables pour les bidonvilles d'Accra, au Ghana. Dans la littérature scientifique et programmatique, il existe un consensus sur le fait que de nombreux habitants des bidonvilles en Afrique ont les plus grandes difficultés à accéder aux services de base, y compris les services de planification familiale. Dans le même temps, il existe peu d'interventions ou de modèles capables d’atteindre les communautés des bidonvilles pour leur fournir des services de planification familiale. Un accès limité aux services de planification familiale dans les bidonvilles pourrait affecter négativement l’ensemble du développement en milieu urbain du fait de la fécondité élevée, de la croissance démographique et de l’urbanisation accélérée, de la demande accrue en services urbains et de mauvais résultats de santé. Les questions de recherche suivantes seront examinées en utilisant Accra comme terrain de recherche principal :

 

1. Quels sont les interventions de planification familiale et les modèles de prestation de services qui existent actuellement dans des contextes urbains en Afrique, et dans quelle mesure ces interventions/modèles de prestation de services sont-ils efficaces pour accroître l'accès aux services de planification familiale ?

2. Quels sont les besoins de planification familiale des populations des bidonvilles et comment les interventions/modèles de prestation de services de planification familiale existants dans des contextes urbains en Afrique pourraient-ils être adaptés pour fournir des services de planification familiale acceptables à faible coût et répondre aux besoins des populations des bidonvilles ?

3. Quelles interventions/modèles de prestation de services de planification familiale innovants seraient susceptibles de fournir des services de planification familiale de qualité acceptable et à faible coût pour répondre aux besoins des populations des bidonvilles ?

4. Comment un partenariat public-privé (par exemple un partenariat gouvernement-ONG) pourrait-il être développé pour fournir des services de planification familiale abordables et de qualité aux populations des bidonvilles ?

5. Quels changements au niveau des politiques et des ressources matérielles seraient nécessaires pour une mise en œuvre efficace des différents modèles de prestation de services de planification familiale dans les bidonvilles ?

 

Dr. Eliphas Gitonga Makunyi, Kenyatta University : La planification familiale chez les femmes somali âgées de 15 à 39 ans à Nairobi (Kenya): obstacles et inégalités.

 

Eliphas Gitonga Makunyi est Maître de conférences en santé de la reproduction à l'École de santé publique de l'Université Kenyatta. Il a obtenu un Doctorat en santé de la reproduction de l'Université Kenyatta en 2018. Ses intérêts de recherche sont la santé de la reproduction auprès des populations urbaines et des communautés vulnérables et marginalisées.

 

Le projet de recherche d’Eliphas Gitonga portera sur la planification familiale (barrières et inégalités) chez les femmes somali de la ville de Nairobi, au Kenya. Avec un taux de croissance annuel de 4 %, Nairobi, la capitale kenyane, est l'une des villes dont la croissance est la plus rapide en Afrique subsaharienne et devrait atteindre cinq millions d'habitants d'ici 2025. Cette croissance urbaine rapide a une influence négative sur la santé des populations vulnérables telles que les habitants des bidonvilles, les adolescents, les orphelins et les réfugiés. La plupart des indicateurs de santé parmi les femmes somali sont médiocres et s’ajoutent souvent à la vulnérabilité associée au fait que certaines d’entre elles sont des réfugiées de Somalie. Les femmes vulnérables ont un risque accru de viol, de grossesse non désirée, de fausse couche et d'avortement à risque et peuvent ne pas avoir accès à des services de planification familiale de qualité. La planification familiale est essentielle à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD 11, villes durables) et à l'amélioration des droits humains des femmes, pour le choix du nombre d'enfants, le calendrier et l’espacement des naissances.

 

La population étudiée des femmes somali âgées de 15 à 39 ans à Nairobi comprend des Kenyanes de naissance et des réfugiées de Somalie. L'étude vise à évaluer l'utilisation, les obstacles et les inégalités dans l'accès aux services de planification familiale. Une enquête auprès des ménages de 600 femmes sera entreprise avec des assistantes de recherche somalies pour étudier la relation entre services de planification familiale et urbanisation. Les données recueillies permettront d’informer les politiques en matière de planification familiale dans un contexte urbain parmi les populations vulnérables pour lesquelles les indicateurs et les résultats de santé sont mauvais. Les principales parties prenantes seront contactées afin de les engager dans ce projet et une communication ciblée sur les politiques sera réalisée pour atteindre les urbanistes, les décideurs en matière de santé reproductive, les personnes en charge des populations réfugiées et les dirigeants communautaires.

 

Dr. Francis Levira, Ifakara Health Institute, Tanzanie : L'impact de l'intégration des services VIH-planification familiale sur la fécondité des femmes séropositives en milieu urbain.

 

Francis Levira est chercheur au sein du Département d'évaluation de l'impact des systèmes de santé et des politiques à l'Ifakara Health Institute, en Tanzanie. Il a une formation de biostatisticien, d’épidémiologiste et de spécialiste du suivi et de l'évaluation avec un intérêt pour la santé de la reproduction, la surveillance de la santé de la population, l'analyse de la mortalité et de la fécondité, ainsi que le suivi et l'évaluation de l'impact des programmes et des politiques. Il travaille avec l'Ifakara Health Institute depuis plus de 12 ans. Francis Levira a participé à plusieurs évaluations, notamment : le plan stratégique du secteur de la santé (HSSP III), le Tanzania Countdown Case Study pour la santé maternelle et néonatale, et le programme de fournitures pour la santé reproductive et maternelle de la coopération britannique (DFID). Ses compétences incluent la gestion et l'analyse de grands ensembles de données générés à partir d'études démographiques et cliniques, d'essais cliniques, d'études observationnelles et de grandes enquêtes.

 

Les recherches de Francis Levira ont pour objectif d’évaluer comment la planification familiale est intégrée dans les services de soins et de traitement du VIH et comment l'intégration des services influence l'utilisation des contraceptifs, la fécondité et les résultats de la fécondité chez les femmes séropositives à Dar es Salaam et Dodoma, en Tanzanie. La justification de cette recherche est de produire des données probantes sur le potentiel des services intégrés de planification familiale et de soins du VIH pour l’amélioration de la santé des mères et de leurs nouveau-nés, ainsi que du bien-être des ménages dans les zones urbaines de Tanzanie.

 

Les femmes séropositives constituent un groupe particulier de la population qui a besoin d'un accès complet aux services de planification familiale. La planification familiale est reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant une intervention rentable, importante pour la prévention de la transmission mère-enfant du VIH tout en évitant les grossesses non désirées.

 

L'étude proposée permettra de combler les lacunes dans les données probantes sur les conséquences d'un accès insuffisant à la contraception sur la fécondité, les résultats de la grossesse et le bien-être des ménages de femmes séropositives sous thérapie antirétrovirale (TAR) dans les zones urbaines de Tanzanie. Les résultats de cette analyse devraient être utiles pour les politiques et les pratiques conçues pour renforcer l'intégration de la planification familiale dans les soins du VIH et réduire les inégalités d'accès à la planification familiale.

 

L'adoption d'une politique de dépistage et de traitement du VIH en Afrique subsaharienne devrait avoir pour conséquence d’allonger l'espérance de vie et d’améliorer la santé reproductive chez les femmes séropositives. Ces avantages ne peuvent être obtenus que si les femmes séropositives peuvent contrôler leur fécondité grâce à l'utilisation de méthodes contraceptives modernes.

 

Dr. Abiba Longwe-Ngwira, International Training and Education Center for Health (I-TECH), Malawi : Les variations intra-urbaines dans l'accès et l'utilisation de la planification familiale après l'accouchement au Malawi: résultats d'un essai contrôlé aléatoire.

 

Abiba Longwe-Ngwira est Directrice de la recherche, du suivi et de l'évaluation à l’International Training and Education Center for Health (I-TECH), au Malawi. Abiba Longwe-Ngwira est titulaire d'un Doctorat en gestion (économie) obtenu à l'Université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, en 2013. Elle possède une expertise dans les méthodes quantitatives et dans l’application d'outils microéconomiques et économétriques pour l'analyse de grands ensembles de données dans les secteurs de la santé et de l'agriculture. Ses recherches portent sur les interactions entre dynamique démographique, réduction de la pauvreté et développement socio-économique en Afrique.

 

L’étude d’Abiba Longwe-Ngwira traitera des différences socioéconomiques dans l’accès des femmes urbaines aux services de planification familiale postpartum (PFPP) au Malawi. Des études ont documenté la dichotomie urbain-rural dans l'utilisation de la planification familiale et des soins de santé maternelle dans les pays en développement ; cependant, on sait peu de choses sur les variations et l'inégalité émergente dans l'accès à ces services et leur utilisation en milieu urbain.

 

En utilisant les données de l'étude sur la planification familiale au Malawi (2016-2019) menée à Lilongwe, Abiba Longwe-Ngwira 1) évaluera le niveau de variation intra-urbaine dans l'accès des femmes à la PFPP et 2) explorera les principaux déterminants de l'utilisation par les femmes de la PFPP. Les résultats fournissent des données probantes pour guider les décideurs aux niveaux national et infranational dans les choix d’investissements dans la planification familiale ciblant les populations vulnérables dans les zones résidentielles urbaines. L'échantillon est composé de femmes mariées âgées de 18 à 35 ans dans la zone urbaine de Lilongwe, au Malawi, qui ont participé à une expérience de terrain de planification familiale. L'analyse des données utilisera des statistiques descriptives, des modèles logit à effets fixes multivariés et des modèles de choix discrets.

 

Malgré une réduction considérable de l'indice synthétique de fécondité et des améliorations dans l'utilisation des moyens de contraception modernes, les besoins non satisfaits de planification familiale pour espacer et limiter les naissances restent élevés au Malawi. Les conséquences d'une fécondité élevée et de besoins non satisfaits sont susceptibles d'être pires dans les zones en cours d’urbanisation,  ce qui aura des effets néfastes sur la santé. Le Malawi étant principalement rural les politiques de développement mettent l'accent sur le développement rural. Cependant, il est peu probable que l'urbanisation s'inverse et il est impératif que les politiques de développement visent à garantir que les populations urbaines en pleine croissance aient accès aux services essentiels, y compris la planification familiale.

 

Dr. Abdoul Moumouni Nouhou, L’Initiative OASIS (Niger) : Barrières d’accès à la planification familiale à Niamey : entre qualité des services et niveau de motivations des femmes.

 

Abdoul Moumouni Nouhou a soutenu sa thèse de doctorat en démographie en 2016 à l’Université de Genève. Il est actuellement chercheur à L’Initiative OASIS Niger. Ses travaux de recherche portent sur les questions de santé reproductive, d’éducation de la jeune fille et d’autonomisation des individus dans le contexte sub-saharien. Il dispose d’une expérience  en matière de conception, mise en œuvre et évaluation des programmes de population, de santé et d’éducation. Dans le domaine de la formation et du mentorat, Abdoul Moumouni Nouhou intervient activement dans la conduite des projets orientés vers le renforcement du leadership local (Programme de Leadership au Sahel), le stage et l’orientation professionnelle des étudiants (Programme Femmes dans le Développement) et la promotion de la recherche et de l’innovation (Séminaires méthodologiques en sciences sociales). Ces projets sont conduits dans le cadre des collaborations avec plusieurs universités dont l’Université Joseph Ki-Zerbo, l’Université Abdou Moumouni de Niamey et l’Université de Zinder.

 

Cette étude examinera les barrières à l’utilisation de la contraception à Niamey. Malgré des réelles avancées, le Niger a manqué son objectif d’une prévalence contraceptive de 50 % en 2020, un engagement consenti dans le cadre du Partenariat de Ouagadougou. Les efforts en la matière sont aujourd’hui tournés vers la création de la demande, à travers notamment la mobilisation des nouvelles utilisatrices des méthodes contraceptives. Comprendre les facteurs de la pratique contraceptive au sein des populations vivant dans les quartiers périphériques des centres urbains pourrait contribuer à cet objectif.

 

L’hypothèse de base est que le niveau actuel de pratique contraceptive dans les quartiers périphériques de Niamey s’explique par la conjugaison de la qualité des services de planification familiale et le degré de motivations des femmes à planifier leurs naissances. L’objectif est d’analyser plus finement les données des enquêtes Performance Monitoring for Action (PMA) sur la qualité des services de planification familiale dans les 27 sites de prestation répartis entre les 5 districts sanitaires de Niamey. Les analyses seront complétées par des informations qualitatives sur le degré de motivations des femmes à espacer ou à limiter leurs naissances ainsi que sur leur niveau de satisfaction par rapport aux services reçus.

 

Les résultats permettraient d’améliorer le protocole de la stratégie d’identification systématique des besoins en planification familiale. Ce travail pourrait également aider à relancer le débat sur le rôle de la communication en matière de planification familiale dans un contexte conservateur comme le Niger.

 

Dr. Elizabeth Oele, Département de la santé du comté de Kisumu : Préférences en matière de fécondité et utilisation de moyens de contraception chez les femmes en âge de procréer dans un quartier informel, Kisumu, Kenya.

 

Elizabeth Oele travaille actuellement comme épidémiologiste médicale au Ministère de la Santé du comté de Kisumu. Le Département est co-exécuteur de la Surveillance de la santé des enfants et de la prévention de la mortalité (CHAMPS), un projet international qui fournit des données en temps réel sur la mortalité infantile sur le site de surveillance sanitaire et démographique de Manyatta, un quartier informel de la ville de Kisumu.

 

À l'aide de la plateforme CHAMPS, Elizabeth Oele documentera les préférences en matière de fécondité et l'utilisation de moyens de contraception chez les femmes en âge de procréer résidant à Manyatta, le plus grand quartier informel de Kisumu. Entre 2003 et 2014, la fécondité au Kenya est passée de 4,9 à 3,9 naissances par femme. L’indice synthétique de fécondité total (ISF) dans la région de Nyanza, où se trouve Kisumu, reste cependant élevé à 4,3 et 23 % des femmes mariées avaient des besoins non satisfaits en matière de planification familiale. La région a également le taux de mortalité des moins de 5 ans le plus élevé de toutes les régions du Kenya.

 

L'étude fournira des données de référence sur les caractéristiques de la fécondité des femmes dans ce quartier informel. Elizabeth Oele recueillera des informations sur les préférences en matière de fécondité, le choix actuel de planification familiale et la satisfaction à l'égard de la méthode et des services. Utilisant le choix actuel de planification familiale en tant que variable dépendante, une analyse de régression sera utilisée pour identifier les facteurs associés à l'utilisation de types spécifiques de planification familiale.

 

Les résultats pourront être utilisés pour quantifier et corréler les naissances non désirées ou inopportunes avec les résultats de santé des enfants tels que la vaccination, la malnutrition et la mortalité. Grâce à ces informations, le Ministère de la Santé sera en mesure de plaider pour des produits de planification familiale appropriés et des formations d'éducation de santé sur les différents types de planification familiale et leur disponibilité pour les femmes de cette communauté. Dans le cadre du projet, Elizabeth Oele collaborera avec les décideurs politiques à différents niveaux pour garantir que les résultats de l'étude seront pris en compte dans les décisions.

  

Dr. Ferdinand Okwaro, Université Aga Khan :  Planification familiale et développement en milieu urbain au Kenya : Exploration des lacunes dans les politiques et les programmes et opportunités d'intersection.

 

Ferdinand Okwaro est chercheur au Centre d'excellence en santé des femmes et des enfants de l'Université Aga Khan. Il a une formation en anthropologie médicale avec un Doctorat de l'Université de Heidelberg, en Allemagne, et une Maîtrise en anthropologie de l'Université de Nairobi. Avant de rejoindre l'Université Aga Khan, Ferdinand Okwaro a bénéficié d'une bourse de recherche postdoctorale de trois ans à l'Université d'Oslo pour un projet examinant la pratique et l'éthique de la collaboration dans la recherche médicale transnationale en Afrique de l'Est, financé par le Norwegian Research Council. Ce projet avait été précédé d'une bourse de recherche postdoctorale de 2 ans à la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), financée par le Wellcome Trust. Ferdinand Okwaro a mené des recherches dans divers domaines, notamment l'analyse des politiques, la guérison rituelle et les pratiques médicales alternatives, la santé de la reproduction et le marketing social.

 

Le projet de Ferdinand Okwaro explore les lacunes dans les politiques et les programmes de planification familiale et le développement en milieu urbain en vue d'identifier les intersections et les points de convergence qui peuvent être exploités pour la formulation et la mise en œuvre dans le comté de Nairobi (Kenya) de politiques efficaces a destination des citadins pauvres des quartiers informels.

 

Le Kenya a un système de gouvernement décentralisé comprenant le gouvernement national et 47 unités ou comtés. Nairobi est le plus grand comté, avec une population de 4,4 millions d'habitants, dont 56 % vivent dans des quartiers informels, selon le recensement national de la population et du logement du Kenya de 2019. Étant donné que la Constitution kenyane stipule que les ressources doivent être allouées en fonction du nombre d'habitants, le comté de Nairobi reçoit la plus grande proportion des ressources nationales pour la fourniture de services. En outre, Nairobi abrite un certain nombre d’institutions non gouvernementales locales et internationales, dont ONU-Habitat, qui soutiennent l’approche multisectorielle du gouvernement en matière de fourniture de services essentiels. Le comté de Nairobi fournit ainsi un cadre opportun pour cette étude qui explore la planification des politiques et la mise en œuvre des programmes dans les domaines de la planification familiale et du développement en milieu urbain, en examinant les façons dont l'approche multisectorielle opère dans un système de gouvernance décentralisé où la planification et la mise en œuvre des politiques sont exécutées par différents niveaux de gouvernement.

 

En se concentrant sur les obstacles à l'intégration des politiques et des programmes de planification familiale et de développement en milieu urbain, l'étude examinera l'évolution des politiques et des flux budgétaires et la capacité pour chacun des niveaux de gouvernement de mobiliser des ressources, ainsi que les lacunes qui apparaissent sur le chemin qui mène de la formulation des politiques à la mise en œuvre de ces politiques afin de suggérer des moyens de créer des synergies. Cela se fera à travers une analyse fine des documents politiques actuels et passés, d’entretiens avec des informateurs clés (KII) qu’ils soient des « formulateurs » de politiques ou des parties prenantes dans leur mise en œuvre, ainsi qu’un suivi des débats publics avec les décideurs et ceux chargés de la mise en œuvre dans les deux secteurs.

 

Les résultats de cette étude devraient mettre en lumière l'évolution des politiques de planification familiale et de développement en milieu urbain ainsi que la logique et l'évolution des budgets en proposant des moyens de créer des synergies pour une formulation et une mise en œuvre efficaces des politiques. Une étude très similaire d'un autre boursier, Sunday Adedini, sur le Nigeria devrait permettre une analyse comparative entre les deux pays.

 

Dr. Idrissa Ouili, Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Université Joseph Ki Zerbo, Burkina Faso : Fécondité et pauvreté multidimensionnelle des enfants : disparités intra-urbaines à Ouagadougou.

 

DIdrissa Ouili a effectué des études doctorales en économie à l'Université de Montréal (Canada) et est actuellement enseignant-chercheur à l'Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l'Université Joseph Ki Zerbo, où il occupe présentement le poste de responsable de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO). Il est également titulaire d'un Master en statistique et économétrie de l'Université de Toulouse (France). Son expertise réside dans l'analyse économétrique des problèmes de population (éducation, pauvreté, planification familiale et santé de la reproduction) et l'évaluation de l'impact des programmes et des politiques de population et de santé de la reproduction. Ses intérêts de recherche portent sur les méthodes pour mesurer les inégalités et la pauvreté multidimensionnelle et évaluer leurs effets sur l'éducation, la santé et la planification familiale dans les pays en développement. Il s'intéresse également aux conflits et à leurs effets sur les enfants.

 

Son projet portera sur la fécondité et la pauvreté multidimensionnelle des enfants à Ouagadougou. L'objectif général de ce projet est d'étudier l'impact de la fécondité sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants dans un contexte de forte urbanisation (avec une population urbaine hétérogène) associée à une fécondité toujours élevée à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Il étudiera en particulier les dimensions de l'Indice de Pauvreté Multidimensionnelle des enfants, qui sont les plus affectées par la fécondité élevée dans les quartiers formels et informels de Ouagadougou, et le rôle que la planification familiale pourrait jouer dans la réduction de la pauvreté multidimensionnelle des enfants. Cette recherche devrait aboutir à des recommandations politiques aux autorités municipales pour une meilleure synergie entre les besoins d'urbanisation, de fécondité et de planification familiale. Un autre projet de recherche, émanant d’un autre boursier de l'ISSP, Moussa Bougma, porte également sur Ouagadougou et leurs efforts combinés devraient permettre de démultiplier l'impact politique de cette étude.