Enjeux démographiques en Afrique : l’apport des données de recensement et d’état civilCampus Condorcet, Paris-Aubervilliers, 16-18 octobre 2019 Ce colloque était organisé dans le cadre du projet européen DEMOSTAF en partenariat avec l’Institut national d’études démographiques (INED), l’Agence française de développement (AFD), le Campus Condorcet, le panel Etat civil de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le Centre d’excellence sur les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (ESEC) basé au Centre canadien de recherches pour le développement international (CRDI) et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE). Les objectifs de développement durable (ODD) définis en 2015 à l’horizon 2030 constituent un défi majeur pour le continent africain dont beaucoup de pays sont parmi les moins avancés. Avec la croissance démographique la plus forte au monde, l’Afrique traverse des transitions inédites, mais les situations de ses différents pays sont contrastées. Cependant, la situation démographique de l’Afrique et son évolution sont, dans le détail, très mal connues. La production de données, leur régularité et leur fiabilité est très variable d’un pays à l’autre. L’état civil est difficilement exploitable dans la plupart des pays. Parallèlement, si sur une partie du continent, des recensements et enquêtes régulières sont conduites par les instituts de statistiques nationaux et servent de base à la planification, dans certains pays africains la statistique publique peine à fournir des données régulières. En outre, les sources statistiques existantes sont sous exploitées et encore faiblement utilisées pour l’action en raison de problèmes de qualité de données mais aussi du temps et des moyens nécessaires à leur valorisation. L’attention particulière portée dans les ODD aux inégalités et au fait que les progrès en matière de développement doivent bénéficier à toutes et à tous nécessite de produire des indicateurs au niveau géographique et socioéconomique le plus fin possible. Ce besoin implique un renforcement des liens entre la statistique publique et la recherche. Les données de recensement par exemple, bien qu’espacées dans le temps, donnent des informations démographiques et socioéconomiques au niveau individuel mais également à l’échelle des ménages, et ce, sur l’ensemble de la population d’un pays. Elles permettent de produire des indicateurs à des niveaux fortement désagrégés, de mener des analyses cartographiques, environnementales ou multiniveau. Parallèlement, l’enregistrement systématique des événements vitaux par l’état civil est encore rare sur le continent. Pour autant, il existe de longue date des systèmes efficients au niveau local. Des efforts sont aussi menés de manière à améliorer cet enregistrement en proposant des systèmes et des méthodes de collecte mieux adaptés au contexte. Ce colloque avait pour objectif de mettre en lumière les recherches qui sont actuellement menées sur les dynamiques sociodémographiques en Afrique en mobilisant les données de la statistique publique, en particulier les recensements et l’état civil. Il s’agit d’aborder les caractéristiques de la population et leurs transformations, que ce soit en termes de fécondité et de santé de la reproduction, de famille et de nuptialité, de migration, de scolarisation ou encore de santé et de mortalité, dans les différents pays du continent africain, en les repositionnant dans leur contexte environnemental, social et économique. La plupart des séances de ce colloque organisé sur 3 jours étaient consacrées au recensement permettant de mettre en avant tout le potentiel des données collectées pour appréhender les dynamiques démographiques : qualité des données et des estimations, confrontation des sources, comparabilité et comparaison internationale, analyses cartographiques et dynamiques territoriales… Une de ces séances était organisée par l'UNFPA sur les opportunités du géo-référencement des données de recensement. Deux séances étaient consacrées à l’état civil et l’enregistrement des événements vitaux : une première sur les déterminants de l’enregistrement des décès et des naissances dans différents contextes et une seconde portait sur les initiatives et projets favorisant la couverture de l’enregistrement. (voir ici l'article détaillé sur ces deux séances) Ce colloque était aussi l’occasion d’une réflexion sur la manière de valoriser les données produites, mener une recherche collaborative associant les producteurs de la statistique publique de l’analyse à la valorisation des résultats. Le colloque s’est clôturé avec une table ronde sur les obstacles et les opportunités de la statistique publique pour répondre aux enjeux démographiques. Au total, 26 communications ont été présentées et discutées dans le cadre des séances scientifiques et 13 posters ont été présentés à l’occasion d’interventions très courtes, ce qui fait en tout une quarantaine de projets et de résultats présentés. La conférence a réuni 80 participants, statisticiens et chercheurs juniors et seniors de 17 pays différents. Voir aussi :
Comité d’organisation : Géraldine Duthé (INED, France), Valérie Golaz (INED, France), Jean-Alain Goudiaby (Université de Ziguinchor, Sénégal), Gilles Pison (INED/Muséum national d’histoire naturelle, France), Thomas Wiest (INED, France). Comité scientifique : Bazongo Baguinébié (INSD, Burkina Faso), Moussa Bougma (ISSP, Burkina Faso), Aurélien Dasré (Université Paris Nanterre, France), Valérie Delaunay (IRD, France), Binta Dieme (ANSD, Sénégal), Irina Dincu (ESEC, Canada), Géraldine Duthé (INED, France), Assa Dioumba Gakou (INSTAT, Mali), Valérie Golaz (INED, France), Jean-Alain Goudiaby (Université de Ziguinchor, Sénégal), Sabrina Juran (UNFPA), Christian Kakuba (Université Makerere, Ouganda), Richard Marcoux (Université Laval, Canada), Bruno Masquelier (Université Catholique de Louvain, Belgique), Laure Moguérou (Université Paris Nanterre, France), Marc Pilon (IRD, France), Gilles Pison (INED/Muséum d’histoire naturelle, France), Cécilia Poggi (AFD, France), Arsène Ravelo (INSTAT, Madagascar), Clémentine Rossier (Université de Genève, Suisse), Claudine Sauvain Dugerdil (Université de Genève, Suisse), Romesh Silva (UNFPA), Abdramane Bassiahi Soura (ISSP, Burkina Faso), Madeleine Wayack Pambè (ISSP, Burkina Faso). |