Appel à communications


Colloque international :


Migrations, environnement et climat : quelles inégalités face aux risques ?


Paris, France, 22
‐23 octobre 2018


Date limite de soumission :  20 juin 2018


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L’Institut national d’études démographiques et le Muséum national d’histoire naturelle organisent, en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (CNES) et l’Agence française de développement (AFD), un colloque international sur les liens entre mobilité humaine, changements environnementaux et climat. Il s’agit d’appréhender la complexité et la multiplicité des interactions entre migration et environnement à partir de recherches récentes ou en cours, en prenant explicitement en compte les inégalités au sein des populations considérées. L’approche se veut large et les propositions peuvent relever de la démographie aussi bien que des disciplines connexes (géographie, anthropologie, sociologie, économie, épidémiologie ou science politique).

 

Des relations réciproques
Les liens entre changements environnementaux et mobilités sont multiples et complexes. Les changements environnementaux ont un effet indéniable sur les mobilités humaines. Le nombre des « réfugiés climatiques » en atteste. Qu’il s’agisse d’un choc brutal (une catastrophe naturelle par exemple) ou d’une dégradation progressive de l’environnement (épisodes répétés de sècheresse par exemple, appauvrissement des sols ou diminution progressives des surfaces disponibles pour l’agriculture ou l’élevage), les transformations de l’environnement conduisent des populations importantes à quitter leur lieu de vie. Ces « réponses » à un changement environnemental peuvent prendre la forme de déplacements temporaires, de faible distance, aussi bien que de migrations de plus long terme et impliquant de plus longues distances, voire des passages de frontières internationales.


L’ensemble de la population n’est cependant pas touché de la même manière, et les réponses diffèrent. Certains migrent plus facilement du fait d’un réseau familial ou social bien implanté ailleurs ou d’activités économiques faciles à déplacer (il est de ce fait difficile de distinguer des migrations environnementales de migrations économiques ou familiales). Des populations peuvent se maintenir sur place en dépit d’une situation difficile, en raison d’un manque de ressources permettant de migrer ou parce que le risque lié au fait de rester sur place est connu et accepté. Des stratégies sont mises en œuvres localement pour résister au changement, que ce soit par la population elle‐même ou par l’Etat. Ainsi la diversification des cultures ou l’établissement de dispositifs de protection (construction de digues par exemple) peuvent permettre le maintien des résidents même si le risque s’accroît. La migration est alors souvent perçue comme le dernier recours.

 

A l’inverse, la mobilité humaine a elle aussi un effet sur l’environnement. En milieu rural de forts afflux de population entrainent une densification rapide de la population dans certaines localités, avec souvent un défrichage accru voire une déforestation brutale. Mais c’est également par le déplacement d’individus et de familles que se transmettent de nouvelles pratiques, des savoirs venus d’ailleurs, des possibilités d’interaction avec l’environnement différentes. Là encore, les inégalités au sein des populations (populations migrantes comme populations non migrantes) méritent d’être interrogées.

 

Des inégalités qui structurent les mécanismes d’adaptation et les départs
Les inégalités sont omniprésentes dans les sociétés. Si l’environnement naturel est important dans la vie quotidienne, en particulier dans ses composantes vitales (l’eau) ou nécessaires à l’activité d’une partie de la population (la terre), tout le monde n’y a pas toujours accès de la même manière. Individus et familles sont plus ou moins vulnérables face à un changement environnemental, du fait du lien entre leur mode de vie et leur environnement. Inversement, l’être humain n’a pas une action uniforme sur l’environnement, certains, de par leurs activités professionnelles ou leurs modes de vie, ayant une emprise plus forte sur l’environnement que d’autres. Il nous parait par conséquent intéressant d’interroger le concept de justice environnementale, en lien avec la migration, sans limiter pour autant à la justice environnementale l’étude des inégalités qui structurent les populations au départ de la migration comme à l’arrivée.

 

Interroger le lien à l’environnement dans les lieux d’arrivée
Tous les migrants, déplacés, ou nouveaux venus n’ont pas la même relation à l’environnement. Dans les lieux d’arrivée, certains s’insèrent plus facilement que d’autres, plus durablement que d’autres, en fonction de leurs compétences personnelles, de leurs réserves personnelles (épargne) et du soutien dont ils disposent (soutien familial, de l’Etat), du caractère forcé ou non de leur départ. Ces inégalités dans les lieux d’arrivée entrainent des effets variés de la migration sur l’environnement. Selon que l’installation est envisagée comme temporaire ou non, selon l’urgence des besoins, l’attitude vis‐à‐vis de l’environnement diffère. De fortes inégalités apparaissent vis‐à‐vis de l’environnement, inégalités pour accéder aux ressources (terre, eau, bois) et inégalités dans leur gestion à moyen et long terme.


 
Des inégalités face aux changements environnementaux selon l’âge, le sexe et l’activité
Les inégalités concernent aussi les effets d’un changement environnemental et la décision de migrer. Il peut y avoir une situation de profonde inégalité face à un changement environnemental. Un même événement (cyclone, tsunami, inondation, etc.) peut être perçu différemment et affecter différemment les populations vivant sur place, principalement en fonction de leur statut économique (exemple de l’ouragan Katrina). Même dans le cas d’une catastrophe comme celle de Fukushima, à la suite de laquelle une distance de sécurité de 30km a été instaurée, certains habitants ont eu du mal à quitter les lieux. Toutes les catégories d’âges ne sont pas nécessairement touchées de la même façon, comme la montré l’exemple de la canicule qui a touché l’Europe en 2003. Les femmes et les hommes peuvent subir différemment un changement environnemental : la difficulté d’accès à des points d’eau de plus en plus privatisés ou de moins en moins abondants conduit les hommes et le bétail de plus en plus loin de chez eux pendant les saisons sèches.

 

Des inégalités concernant les réseaux sociaux
La possibilité d’obtenir un soutien à travers un solide réseau social est aussi un élément de différenciation entre individus ou ménages, qui permettra à certains de rester et à d’autres de migrer. La famille joue à cet égard un rôle fondamental, dans les lieux de migration potentiels, comme sur place.

 

Des inégalités face aux enjeux de la santé
Même lorsque la santé – voir la survie – de la population est en jeu, les « réponses » aux changements environnementaux ne sont pas univoques. C’est ce qui a été observé dans le cas de catastrophes nucléaires, mais également lorsque des événements climatiques extrêmes conduisent la population à manquer d’eau potable par exemple. Plus proche de nous, le niveau élevé de pollution dans les mégapoles ou à proximité de certaines industries ne dissuade pas de nouveaux arrivants et il ne provoque pas de départs conséquents. Par ailleurs, une mauvaise santé peut être associée selon le contexte au fait de ne pas vouloir bouger – ou au contraire de partir. Le lien entre mobilité (ou non‐mobilité) et santé dans un contexte de changement environnemental mérite de ce fait d’être exploré.

 

Des sources de données et des méthodes de recherche adaptées
Par nature difficiles à mesurer, les mobilités humaines, tout comme les changements environnementaux, ouvrent la voie à des innovations méthodologiques importantes. L’abondance et la variété des données disponibles, depuis l’imagerie satellite jusqu’aux recensements de population, vont de pair avec la nécessité d’aborder les transformations en cours d’un point de vue local, par des méthodes adaptées au contexte et aux objectifs de la recherche. Nous nous intéresserons en particulier à la caractérisation des changements environnementaux en lien avec la migration.

 

Ce colloque a donc pour objectif de mieux comprendre comment les populations répondent à un changement environnemental, de quelque nature qu’il soit, et comment l’environnement se transforme du fait de la mobilité humaine. Il sera important, dans les propositions de communication, de préciser la nature du changement environnemental envisagé, la méthodologie et les sources de données utilisées. Les communications ancrées dans des études de terrain approfondies seront privilégiées.

 

Procédure de soumission :

Les résumés des communications (un résumé court de 200 mots et un résumé long de 2 à 4 pages, incluant tableaux, figures et références) devront être adressés avant le 20 juin 2018 à l’adresse mob‐env@ined.fr. Les résumés comme les papiers peuvent être soumis en anglais ou en français. Une session de posters sera également organisée. Merci d’indiquer dans votre message si vous avez besoin d’un soutien financier. Les candidats seront informés de l’acceptation de leur papier avant le 15 juillet 2018.


Comité scientifique :

  • Cris Beauchemin, Institut National d’études démographiques (Ined)
  • Richard E. Bilsborrow, University of North Carolina at Chapel Hill
  • Stéphanie Dos Santos, Institut de recherche pour le développement (IRD)
  • Stéphanie Duvail, Institut de recherche pour le développement (IRD)
  • Bénédicte Gastineau, Institut de recherche pour le développement (IRD)
  • Valérie Golaz, Institut National d’études démographiques (Ined)
  • Lori M. Hunter, Colorado University Population Center
  • Mathias Kuepie, Agence Française de développement (AFD)
  • Gilles Pison, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
  • Aurélie Sand, Centre national d’études spatiales (CNES)
  • Jacques Véron, Institut National d’études démographiques (Ined)