Mortalité de crise : comment étudier les effets des conflits, des famines et des catastrophes naturelles

Les guerres européennes du 19ème siècle et la 1ère guerre mondiale présentent des profils de mortalité très spécifiques, ciblant surtout les jeunes hommes adultes. Certaines guerres plus récentes (Burundi, Kosovo, Rwanda), montrent au contraire un profil de la mortalité par sexe et âge, directement liée au conflit, radicalement différent. Ainsi, loin d’être épargnées, les femmes sont touchées avec une intensité loin d’être négligeable, parfois proche de celle avec laquelle les hommes sont frappés. Par ailleurs, les taux de mortalité imputable aux violences augmentent régulièrement avec l’âge, en particulier chez les femmes, mais aussi pour les hommes. Cette communication se propose d’examiner 3 aspects associés à cette situation. Tout d’abord, on cherchera à quel point, ce profil par sexe et âge de la mortalité violente se retrouve dans d’autres conflits récents. Ensuite, on tentera de savoir si les pays concernés ont connu, dans leur histoire passée, des formes de violence, parfois plus ponctuelle, de nature à laisser imaginer une telle évolution. Enfin, on tentera de comprendre les facteurs plus contemporains qui ont conduit à observer ces profils par sexe et âge de mortalité de guerre. On cherchera notamment, quand c’est possible (Burundi, Kosovo), à mesurer le rôle de la mobilité, dans la capacité à échapper à la violence.

L’unité de recherche et de formation en démographie historique a été officiellement fondée en l’an 2002 à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Mohamed 1er à Oujda (Maroc).
Les efforts du staff académique ont été couronnés par un produit scientifique considérable qui a pu dévoiler nombre de données jusque là ignorées concernant le système démographique au sein du monde arabe à travers différentes ères historiques.
Parmi les productions de cette U-F-R il y a notre thèse réalisée en 2007 et intitulée : Déperdition démographique dans le monde arabe : causes et conséquences- le cas du Maroc au XVIII ème siècle.
La seconde partie de cette thèse a réalisé une étude approfondie sur les facteurs de déperdition démographique dans le monde arabe, et essentiellement les trois facteurs classiques : la famine, la guerre et la peste, en prenant le Maroc du XVIII ème comme modèle.
Nous citons ici les principales difficultés qui entravent la recherche e

Plus de trente ans après le génocide, le nombre de victimes de la période Khmer rouge reste controversé.

Le Cambodge a connu le premier recensement de l’histoire du pays en 1962. Après avoir analysé et corrigé ce recensement, on obtient une structure de population répartie par âge et par sexe qui constitue une bonne base de départ pour l’analyse qui va suivre.

En 1998, 36 ans plus tard, le pays connaît son premier recensement post – crise. Les données de 1998 font également l’objet d’une étude détaillée, et seront corrigées avec l’aide des résultats du recensement de 2008.

Au départ des deux balises obtenues, les recensements de 1962 et 1998, on va reconstituer l’évolution des effectifs de la population cambodgienne par sexe, âge et bonds d’un an entre 1962 et 1998. Pour chaque année entre ces deux dates, on va reconstituer une population par âge et sexe. On obtient un bilan de la mortalité excédentaire de cette période qui est compatible avec les fourchettes d’estimation communément admises

Des estimations du nombre de morts causées par l’incapacité des gouvernants nord-coréens à offrir à leurs citoyens des conditions de vie acceptables sont régulièrement produites : elles suggèrent que l’excès de morts est énorme, souvent proche ou même supérieur à deux millions d’habitants pour la période inter-censitaire 1993 – 2008.

A partir d’une méthodologie prospective appliquée sur le passé, et en considérant la population répartie par sexe, années d’âge, on peut reconstituer, par bonds d’un an, le mouvement démographique entre les recensements de 1993 et de 2008. On obtient alors des mesures précises des niveaux de fécondité, de mortalité et de migrations.

Dans un second temps, on reconstitue de nouveau le passé en substituant à la mortalité nord-coréenne celle qui a eu cours durant la même période en Corée du Sud.

La comparaison permet d’estimer à un million l’excès de mortalité. Accessoirement, on produit également une estimation maximale de l’émigration vers la Chine et une critique de la structure d’âge du recensement de 1993.