Institut d'été en informatique et sciences sociales.

Le Cap, Afrique du sud, 18-29 juin 2018

 

L'Institut d'été en informatique et sciences sociales  a organisé, du 18 au 29 juin à l'Université du Cap, un atelier de formation de deux semaines, dirigé par le Dr Vissého Adjiwanou, maître de conférences en démographie et méthodes quantitatives au Centre de recherche actuarielle (CARe) à l'Université du Cap (UCT) et président du Panel scientifique sur  Informatique et sciences sociales de l'Union Africaine pour l'étude de la population (UEPA). Cette année, l’Institut d’été  était une collaboration institutionnelle avec le site principal de l’Université Duke et six autres sites aux États-Unis et en Finlande. L'atelier du Cap a permis aux chercheurs et aux étudiants africains de différentes disciplines d'apprendre de nouvelles méthodes quantitatives en lien avec les données de trace numériques et de perfectionner leurs capacités de recherche..

 


 

 

L'Institut d'été du Cap a adopté une approche à double enseignement combinant des cours magistraux de l’Université Duke et des présentations sur place. Durant les deux semaines de l’Institut d’été, plusieurs conférences et exposés ont été donnés par des experts dans le domaine de l’informatique et des sciences sociales. À l’ouverture, Vissého Adjiwanou, après avoir souligné l’importance de l’Institut d’été pour les chercheurs africains , a discuté les problèmes posés par l’estimation de la causalité en sciences sociales et a examiné comment de nouvelles méthodes et données pouvaient contribuer à mieux comprendre les phénomènes sociaux en Afrique subsaharienne.  Les conférences données au SICSS ont ensuite abordé des sujets allant de Éthique,  enquêtes et expériences à l’ère numérique, par Matthew Salganik (Princeton University), à la collecte et à l’analyse de données numériques (analyse de texte, modélisation et analyse de réseau) par Chris Bail (Duke University) en livestream de l’Université Duke. En raison du décalage horaire de six heures entre le Cap et l’Université Duke, les participants n’ont pas pu écouter directement les conférenciers invités de l’Université Duke, mais ont regardé les versions enregistrées. Les vidéos de ces conférences sont disponibles gratuitement en ligne pour les participants.

 

 

Sur place au Cap, les participants ont assisté à diverses présentations sur des sujets variés. Nick Feamster a fait un cours sur l'apprentissage automatique et son application pour détecter les «fausses nouvelles» sur le Web. Marshini Chetty a fait un exposé sur l'éthique et l'interaction homme-machine. Tom Moultrie (directeur de CARe) a présenté les opportunités offertes par les outils informatiques en sciences sociales pour suivre les objectifs de développement durable et les difficultés rencontrées dans les travaux sur  les données de trace numériques. Marivate Vukosi du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) a parlé de la manière dont la science des données devrait être utilisée pour le bien public. Il a présenté divers projets de recherche qu'il mène aussi bien sur  la sécurité routière, que sur la sécurité et  la détection des incidents criminels sur les réseaux sociaux. L’Institut d’été a également bénéficié de la participation de Kim Ingle de l’Unité de recherche sur le travail et le développement de l’Afrique australe (SALDRU) de l’UCT qui a présenté l’Étude nationale sur la dynamique des revenus (NIDS) aux participants. Enfin, via Skype, Ridhi Kashyap, professeure associée de démographie sociale à l’Université d’Oxford, a présenté ses travaux sur la sélection du sexe en Inde à l’aide des données Facebook. Ces présentations de recherche variées et de grande qualité ont fait de l’Institut d’été un outil unique en Afrique subsaharienne, où les participants ont profité de l’enseignement de spécialistes africains et du monde entier.

 
 

 

 

 

Au cours de la deuxième semaine, les participants ont travaillé en cinq petits groupes sur divers projets appliqués et ils ont présenté leurs résultats le dernier jour de l’atelier. Le premier groupe a travaillé sur la cartographie de la violence de genre à partir de ce que les profanes pensent de la question en effectuant une analyse de texte sur des articles de recherche et des tweets d'utilisateurs de Twitter. Le deuxième projet de groupe visait à mesurer la dépression et les problèmes liés au stress en analysant les tweets en Afrique du Sud. Ils ont examiné trois groupes de personnes: ceux qui twittent à propos de la dépression et qui en ont fait l'expérience (groupe traité); ceux qui twittent à ce sujet (groupe contrôle 1); et ceux qui n’en ont pas parlé (groupe contrôle 2). La prévalence de la dépression dans le groupe contrôle 1 a ensuite été prédite en comparant les caractéristiques des membres de ce groupe avec celles du groupe traité. Le troisième groupe de travail a cherché à comprendre l'environnement des nouvelles publiées en Afrique du Sud. Pour ce faire, ils ont analysé le réseau social Twitter des éditeurs et les tweets dans une perspective d’analyse de réseau. Enfin, deux autres groupes ont adopté une approche habituelle en sciences sociales pour travailler sur le divorce et l’abandon scolaire en Afrique du Sud, sur la base de données de panel du NIDS. Ils ont combiné les approches statistiques traditionnelles avec l'apprentissage automatique pour mieux comprendre et prédire ces résultats. Ces projets de recherche devraient se poursuivre après la fin de l'atelier et leurs conclusions devraient être publiées dans une édition spéciale de la revue African Population Studies.

 

 

 

Pour de nombreux participants, cet institut d'été constituait à la fois leur première utilisation du logiciel R et leur introduction aux méthodologies de données de trace numériques. Cela s’est avéré un défi pour plusieurs participants et pour l’atelier de l’Institut d’été de l’année prochaine, nous prévoyons d’informer les participants beaucoup plus tôt de leur admission, afin de leur permettre de suivre les cours en ligne. Nous espérons également que plusieurs participants commenceront à utiliser R dans leurs propres cours, facilitant ainsi l’inscription de leurs meilleurs étudiants à l’atelier de l’Institut d’été de l’année prochaine. Cet institut d’été a été une véritable opportunité pour établir de nouvelles collaborations pour de nombreux participants. Le projet de groupe développé au cours de la deuxième semaine s’est avéré une expérience extraordinaire et réussie. Il n'y a pas d'autres opportunités offertes ailleurs sur le continent pour l'analyse des données de trace numériques. Le succès de l’Institut d’été est évident  comme le démontrent les commentaires non sollicités qui ont été reçus et l’évaluation finale de la formation. Environ 85% des participants ayant répondu à cette enquête conseilleraient définitivement à d'autres de s’inscrire à l’Institut d’été l’année prochaine. Presque tous les participants ont également exprimé leur intention d'utiliser à l'avenir les méthodologies apprises lors de l'Institut d'été.

 

Une dernière source de satisfaction a été de faire venir de nombreux chercheurs de l’extérieur du Cap et de donner aux étudiants de master et de doctorat la possibilité de participer à l’Institut d’été. La moitié des 26 participants à l’Institut d’été provenaient de l’extérieur du Cap, avec des participants étrangers venant de 9 pays dont 3 pays francophones (Bénin, Burkina Faso et Togo) et 6 pays anglophones (Ghana, Malawi, Nigéria, Swaziland, Ouganda, Royaume-Uni). Cela a été rendu possible en grande partie par le soutien financier fourni par l'Union internationale pour l'étude scientifique de la population (UIESP). De plus, comme les participants venaient de disciplines diverses, l'atelier a permis aux participants d'échanger avec d'autres sur des questions d'intérêt commun et de briser ainsi les frontières disciplinaires.